Voici la technique n°9 du Bubishi, expliquée en détail, de manière claire, fluide et traditionnelle avec tout le contexte historique, technique et énergétique nécessaire pour ton groupe France Kata Application.
Technique n°9 du Bubishi — Frappe circulaire et déséquilibre par traction
Présentation
La neuvième technique du Bubishi illustre une situation de renversement et de contre-offensive immédiate : l’adversaire attaque d’un coup direct, que l’on dévie avant de le tirer vers soi tout en exécutant une frappe en rotation, souvent un empi-uchi (coup de coude) ou un ura-shuto (tranchant retourné).
L’idée essentielle est de ne pas bloquer, mais de absorber et rediriger la force adverse pour la transformer en mouvement circulaire.
Principe fondamental
Cette technique incarne la spirale défensive — absorber (uke), enrouler (mawashi), puis rendre (kaeshi).
Elle traduit un principe très présent dans le Bubishi :
« La dureté se brise, la souplesse triomphe. »
L’énergie est celle du tenkan (rotation du centre) : au lieu de faire front, le défenseur tourne légèrement le buste et dévie la ligne d’attaque avant de contre-attaquer depuis le flanc.
Déroulement du bunkai
1. Position de départ :
Les deux partenaires sont face à face en garde naturelle.
Uke attaque avec un oi-zuki (coup de poing direct avant).
2. Déviation souple – Soto uke (外受け)
Le défenseur pivote le buste vers l’extérieur (à 45°), tout en interceptant le poing avec un soto uke fluide.
Le bras du défenseur n’est pas rigide : il guide le coup plutôt qu’il ne le bloque.
Pendant ce mouvement, la jambe avant s’avance légèrement pour fermer la distance.
3. Saisie et traction – Hikite (引手)
La main qui vient de dévier saisit le poignet d’uke et tire énergiquement vers soi, en diagonale vers le bas.
Cette traction déséquilibre l’adversaire et libère l’espace pour frapper dans son axe.
Le hikite ici n’est pas qu’un geste symbolique : il est essentiel au contrôle du rythme.
4. Contre-frappe rotative – Empi uchi (肘打ち)
Tout en tirant uke, le défenseur pivote sur son pied avant et lance un coup de coude vers la tempe ou la mâchoire.
Le mouvement est court, puissant, enraciné dans le hara.
C’est le centre qui frappe, pas le bras : la hanche tourne, l’épaule suit, le coude traverse.
5. Finalisation – Gedan barai ou projection
Après la frappe, la main libre peut descendre pour effectuer un gedan barai transformé en balayage ou dégagement du bras.
Certains maîtres interprètent cette phase comme une projection (otoshi waza), en abaissant le centre de gravité et en tirant uke vers le sol.
Structure et biomécanique
Entrée : rotation du tronc, alignement talon–hanche–main.
Traction : énergie de descente (chin), créant un vide qui attire uke.
Contre : énergie montante en spirale (fa jin court) dans le coude.
Respiration : inspiration pendant l’absorption, expiration courte au moment du contre.
Posture : centre bas, genoux souples, poids légèrement avant.
Applications possibles
Contre sur coup direct : dévier, tirer, frapper à courte distance.
Contre sur saisie : attraper le poignet et enrouler en frappant simultanément.
Contre sur poussée : absorber la poussée par un pas arrière et utiliser le retour de force pour le coude.
Variante douce : transformer le coude en clef circulaire (kote mawashi) pour neutraliser sans frapper.
Drills pour le groupe
Déviation – traction seule : travail lent du couple uke / tori pour sentir le déséquilibre naturel.
Enchaînement fluide : soto uke → hikite → empi uchi, sans rupture de rythme.
Travail en rythme respiratoire : inspirer à l’absorption, expirer à la frappe.
Application dynamique : uke attaque en continu, tori répond par rotation et traction chaque fois, en alternant les côtés.
Erreurs fréquentes
Tirer sans ancrage : la traction doit venir du sol, pas du bras.
Bloquer trop fort : cela fige le mouvement et empêche la rotation.
Frapper en séparant le centre : toujours garder le hara aligné avec la frappe.
Négliger la jambe avant : elle guide la direction de la rotation.
Esprit et symbolique
La technique 9 enseigne la maîtrise du moment — ne pas réagir contre, mais agir avec.
C’est une leçon de fluidité et de contrôle intérieur.
Le Bubishi rappelle que :
« Quand le tigre bondit, c’est le vent qui décide de la direction. »
Ici, la souplesse devient la véritable force :
Tu accueilles l’énergie d’uke, tu la transformes dans ta rotation, et tu rends le tout dans un geste court, précis, et parfaitement centré.

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