La technique 12 du Bubishi, version experte, claire, pour France Kata Applications.
Voici l’interprétation technique classique et la version “experts” la plus utilisée par les maîtres d’Okinawa, cohérente avec les 11 techniques précédentes :
Technique 12 du Bubishi — “Saisie, Frappe Oblique et Rupture d’Axe”
La technique 12 est traditionnellement présentée comme une réponse courte et fulgurante à une attaque venant de face, intégrant la philosophie du hakkei (fa jin), l’arrachage (datsu te), la saisie nerveuse (kyōsho dori) et la rupture de structure (kuzushi).
Elle condense :
– un déplacement tangent
– une frappe interne courte
– un contrôle articulaire destructeur
1. L’entrée (irimi-tenkan court)
L’adversaire attaque en tsuki (ou saisie au col).
Tu pivotes à 30°, pied avant qui glisse juste une largeur de main.
Le but : quitter l’axe sans vraiment sortir du centre, afin de pouvoir neutraliser immédiatement.
Le bras avant fait un nagashi uke très court, presque collé au corps.
La rotation du buste génère un premier micro-« fouet » de puissance.
Clé d’expert :
Le Bubishi montre ce blocage comme un simple contact : il n’arrête pas, il dévie et aspire. La surface utilisée est le bord radial de l’avant-bras, jamais la main.
2. La saisie interne du poignet (datsu te – variante)
Du même mouvement, la main arrière saisit l’intérieur du poignet de l’attaquant, paume vers le bas, doigts recroquevillés comme une griffe.
Tu saisis non pas “la forme”, mais le tendon fléchisseur commun situé à la jonction du poignet : cela provoque une micro-paralysie instantanée des doigts de l’adversaire.
L’avant-bras tire légèrement vers le bas et l’intérieur.
Le coude reste collé au flanc, générant un point fixe pour la prochaine étape.
Clé d’expert :
Il ne s’agit pas d'une saisie de préhension, mais d’une saisie de compression nerveuse. L’idée est de « couper la main » de l’adversaire.
3. La frappe oblique au sternum ou à la clavicule (empi-uchi ou shuto ura)
Tout en tenant son poignet, tu délivres une frappe courte oblique vers le haut, soit :
empi-uchi (coude montant),
ou shuto ura dans l’encoche sternale.
Les deux interprétations existent dans les transmissions :
le coude est privilégié pour briser la structure,
le shuto pour choquer les nerfs cervicaux.
La frappe part du dantian, pas du bras. C’est un fa jin sec : contact, explosivité, immédiateté.
Effet attendu :
Le haut du corps bascule légèrement vers l’arrière, créant un kuzushi vertical.
4. La torsion externe du bras (ude gaeshi)
En conservant la prise au poignet, tu tires et tournes vers l’extérieur.
L’adversaire, déjà désaxé par la frappe, ne peut plus compenser.
Ton coude arrière descend lourdement, ancré.
Ton centre tourne comme si tu refermais une porte coulissante.
Cette rotation place l’adversaire sur un axe articulaire brisé, offrant un contrôle absolu.
Clé d’expert :
La rotation n’est pas circulaire : elle est elliptique, presque écrasée, pour maximiser la douleur et minimiser le mouvement.
5. La chute contrôlée ou la rupture (otoshi / waki-gatame)
Selon le niveau d’application :
En version dojo
Tu accompagnes l’adversaire au sol en compression du coude (waki-gatame), en gardant ton genou près de sa scapula.
En version Bubishi (self-défense)
Une descente du talon sur le genou adverse, ou un écrasement du coude dans l’aisselle, permet une rupture du bras.
Ce n’est pas une projection : c’est une déstructuration complète du membre.
Lecture interne (fa jin et principes)
Le déplacement initial génère un spiralage interne (nei jin) qui “aspire” l’attaque.
La frappe oblique déclenche la libération explosive (fa jin) du centre.
La saisie compressive du poignet neutralise la main adverse.
La torsion du bras est une transmission directe du dantian à l’articulation.
C’est une technique “trois temps – un souffle”, mais exécutée finalement en une seule intention fluide.
Utilisation pédagogique pour les experts de ton groupe
Excellent pour montrer le lien entre kihon (shuto, empi) et contrôle articulaire.
Parfait pour démontrer la logique du Bubishi : absorber, choquer, contrôler.
Idéal pour une progression : entrée → frappe → kuzushi → contrôle → terminaison.

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