Description précise de la technique n°3 des 48 techniques de corps à corps du Bubishi
Le Bubishi (ou Bu-shi, souvent traduit comme la « Bible du karaté » par des maîtres comme Chojun Miyagi, fondateur du Gōjū-ryū) est un ancien manuscrit martial d'origine chinoise (Fujian), compilé à Okinawa au XIXe siècle. Il compile des enseignements sur le Quan Fa (boxe chinoise) influençant le karaté ancien (Tōde-jutsu). Les 48 techniques de corps à corps (article 29 du manuscrit) sont illustrées par des dessins schématiques sans texte détaillé, représentant des scénarios de combat rapproché entre deux adversaires. Chaque figure montre une « technique vainqueur » (te-kachi, 手勝) et une « technique vaincue » (te-make, 手敗), avec des noms poétiques symboliques. Ces illustrations varient légèrement selon les copies manuscrites (transmises à la main, avec possibles erreurs de transcription), mais elles codifient des principes de stratégie, de levier et d'anatomie humaine, inspirés du White Crane Kung Fu et du Ju-jutsu chinois.
La technique n°3 (parfois numérotée différemment selon les éditions, mais généralement la troisième dans la séquence standard des 48 figures) est une défense contre une saisie ou une attaque frontale au corps (comme une tentative d'attraper la gorge ou les épaules). Elle met l'accent sur le contrôle du cou et une torsion potentiellement létale, soulignant la vulnérabilité du rachis cervical. Voici une description précise, basée sur les analyses classiques (comme celles de Patrick McCarthy dans The Bible of Karate: Bubishi et d'autres experts en bunkai okinawais) :
Contexte et principe général
Scénario d'attaque : L'adversaire (figure "vaincue") avance pour saisir votre gorge ou vos avant-bras avec les deux mains (posture typique d'une saisie bilatérale en combat de rue). C'est une situation courante dans les auto-défenses du Bubishi, où l'objectif est de neutraliser rapidement sans armes.
Principe : Utiliser le levier et la biomécanique pour transformer la force de l'adversaire contre lui-même. La technique exploite les points vitaux (kyusho) du cou (carotide, trachée) et du rachis. Elle est classée parmi les plus dangereuses des 48, car elle peut causer une fracture cervicale ou une asphyxie en quelques secondes. Elle illustre l'origine chinoise du Ju-jutsu japonais (figures 3, 4, 5 et 7 sont liées à des manipulations de tête).
Étapes détaillées de l'exécution
Défense initiale (parade et saisie) :
Lorsque l'adversaire saisit votre gorge ou vos bras, pivotez légèrement le buste sur le côté (zenpō-kaiten, rotation avant) pour éviter une prise directe. Utilisez votre main avant (droite si l'attaque vient de face) pour bloquer l'avant-bras de l'adversaire en le frappant vers le bas avec un shutō-uke (blocage avec le tranchant de la main) ou un coup de coude (empi-uchi).
Simultanément, votre main arrière passe derrière la nuque de l'adversaire : saisissez fermement le haut de son crâne ou la base du cou avec les doigts en crochet (kakate, prise en griffe). Poussez la tête vers l'avant et vers le bas pour déséquilibrer l'adversaire (principe de kuzushi : briser l'équilibre).
Contrôle et torsion (levier principal) :
Avancez votre hanche contre celle de l'adversaire pour coller votre corps au sien (ma-ai rapproché, distance zéro). Tournez votre torse dans le sens contraire à la saisie : tirez la tête vers le bas et à l'extérieur (vers votre épaule opposée) tout en poussant les hanches de l'adversaire avec votre genou ou votre cuisse.
Appliquez une torsion latérale sur le cou : vos doigts ou votre avant-bras exercent une pression sur la carotide (point ST-9 ou CV-22) et la trachée, combinée à une hyperextension du rachis (comme un kubi-shime, étranglement cervical). Cela force l'adversaire à plier les genoux et à exposer son flanc.
Finition (projection ou neutralisation) :
Une fois l'équilibre rompu, balayez la jambe extérieure de l'adversaire avec votre pied (ashibarai, balayage) ou projetez-le au sol par une rotation complète (comme un osoto-gari modifié). Si la distance est trop courte, terminez par un coup de genou au foie (point GB-24) ou un tetsui-uchi (coup de marteau) sur la tempe une fois au sol.
Variante létale : Augmentez la torsion pour une fracture (coup de fouet cervical), mais en auto-défense moderne, arrêtez à l'immobilisation pour éviter des blessures graves.
Conseils techniques et anatomie
Points vitaux ciblés : Cou (carotide pour l'asphyxie, vertèbres C1-C3 pour la torsion). Ces zones sont listées dans les 36 points vitaux du Bubishi (article 18), sensibles car elles affectent la circulation sanguine et les nerfs occipitaux.
Erreurs courantes : Ne forcez pas avec les bras seuls (utilisez les hanches pour le torque). Restez relâché pour la vitesse ; la rigidité réduit l'efficacité.
Références en kata : Cette technique apparaît dans des bunkai (applications) de Passai (mouvements initiaux de blocage et torsion) et Kushanku (contrôles de saisie). Elle est aussi liée à des formes chinoises comme le Hakutsuru no Mai (Danse de la Grue Blanche).
Illustration typique
Les dessins du Bubishi montrent deux silhouettes stylisées : l'attaquant avec les bras tendus en saisie, le défenseur avec une main sur la tête de l'adversaire et l'autre bloquant, le corps tordu en spirale. Pas de couleurs, juste des lignes noires sur fond blanc, avec des annotations en kanji comme « Te-kachi : Kubi-hineri » (Technique vainqueur : torsion du cou).
Cette technique incarne l'essence du Bubishi : efficacité pragmatique sans fioritures, influençant le karaté moderne (Gōjū-ryū, Shōrin-ryū). Pour une pratique, consultez un instructeur qualifié, car elle est avancée et potentiellement dangereuse. Si vous voulez des détails sur une autre technique ou des variantes, dites-le-moi !

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