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破折橋」(Po Lie Qiao) technique n°2 du Bubishi

 



Voici la description complète et approfondie de la technique n°2 du Bubishi, appelée dans certains manuscrits 「破折橋」(Po Lie Qiao) — Le Pont Brisé.
Elle représente la seconde des quarante-huit figures du manuscrit, et symbolise l’art du contrôle structurel et du déséquilibre, c’est-à-dire le moment où la force de l’adversaire se retourne contre lui.
🥋 Technique n°2 — Le Pont Brisé (破折橋, Po Lie Qiao)
  1. Sens symbolique
Le “pont” (qiao, 橋) désigne dans le langage du quanfa chinois le bras tendu entre deux adversaires — c’est la zone de contact où se transmettent intention, énergie et structure.
“Briser le pont” signifie interrompre la continuité de la force adverse, couper sa racine d’équilibre et pénétrer sa garde sans opposition frontale.
C’est une technique de contre à courte distance, emblématique du style Grue Blanche du Fujian (Bai He Quan), mais également intégrée aux principes du Naha-te okinawaïen.
  1. Position de départ
Garde naturelle : Heiko-dachi (平行立ち), pieds à la largeur des épaules.
Bras avant : légèrement plié, main ouverte, paume tournée vers l’extérieur (forme du kakete).
Bras arrière : prêt à saisir ou frapper.
Regard : fixé sur le centre du thorax de l’adversaire — principe du seigan no metsuke.
  1. Situation de combat
L’adversaire attaque avec un tsuki chudan (poing moyen) ou un coup direct de type chui quan (直拳).
Le défenseur reste immobile jusqu’à la dernière fraction de seconde, attendant que le “pont” se forme (le bras adverse tendu).
  1. Mouvement principal
Absorption du choc :
Le défenseur recule légèrement la hanche avant pour laisser glisser le poing adverse.
Simultanément, la main avant s’enroule autour du poignet de l’adversaire (forme de nagashi kakete).
Rupture du pont :
En un instant, le poignet saisissant pivote vers l’intérieur (rotation du radius et du cubitus), tandis que la main arrière frappe le coude adverse avec la base de la paume (teisho uchi).
L’énergie du koshi (bassin) se propage en spirale vers le haut : c’est un mouvement de fa li (發力), explosif mais relâché.
L’articulation du coude adverse est pliée contre le centre du corps, formant une clé (kansetsu waza).
Finalisation :
Le défenseur fait un pas oblique vers l’extérieur (à 45°) pour sortir de la ligne d’attaque.
En pivotant sur le pied avant, il pousse le bras de l’adversaire vers le bas tout en frappant simultanément la tempe avec le coude arrière (empi uchi).
L’adversaire perd l’équilibre — le “pont” est brisé.
  1. Respiration et centre
La respiration suit le modèle du Sanchin kata :
Inspiration pendant l’absorption et la saisie,
Expiration brève, sonore et centrée au moment de la rupture (kiai interne).
Le centre énergétique (dantian) agit comme pivot. Le mouvement doit partir du hara, non des bras : les avant-bras ne sont que les prolongements de l’énergie émise depuis le sol.
  1. Applications (Bunkai et Oyo)
Version douce : contrôle du bras et déséquilibre pour une projection vers l’avant (principe du nage waza issu du White Crane).
Version dure : coup de paume au coude ou à l’épaule suivi d’un ura zuki (coup de poing inversé) dans les côtes flottantes.
Version armée : le même principe de rupture du pont peut servir à dévier un sabre court ou un bâton, en redirigeant la force de l’arme.
  1. Principes internes
Structure : relâchement des épaules et enracinement dans le sol.
Énergie : spirale ascendante, générée par la torsion du bassin.
Mental : calme et réceptif, car la technique se déclenche par la perception tactile (ting jin, 聽勁 — « écouter la force »).
Yin/Yang : la main saisissante (yin) attire, la main frappante (yang) projette.
Ensemble, elles incarnent la complémentarité du Bubishi.
  1. Transmissions et influences
Le “Pont Brisé” apparaît dans :
Le kata Seisan et Tensho du Goju-ryu,
Les séquences de teisho uke et empi uchi du Kanku Dai,
Le travail du kakie traditionnel d’Okinawa (poussées et écoutes d’avant-bras).
Dans la version chinoise, il est associé au concept de “San Zhan” (三戦 — Trois Batailles), c’est-à-dire la bataille du corps, du souffle et de l’esprit.
Le pont représente le lien entre ces trois niveaux : le “briser”, c’est atteindre l’unité.

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