La technique numéro 6 des 48 diagrammes de self-défense du Bubishi, un texte classique des arts martiaux okinawaïens transmis de la Chine, illustre une stratégie défensive et contre-offensive sophistiquée, souvent associée à des mouvements issus de kata comme Kushanku (ou Kanku dans certaines lignées).
Description du diagramme
Le diagramme dépeint deux figures en confrontation : l'attaquant avance en ligne droite avec une frappe ou une saisie dirigée vers le centre du défenseur. Le défenseur, quant à lui, effectue un déplacement latéral (side-step) pour éviter la ligne d'attaque directe, tout en levant les deux bras en position défensive haute, formant une garde croisée ou augmentée (morote jodan uke ou similaire). Cela crée une barrière protectrice tout en positionnant le corps pour une transition immédiate vers la contre-attaque. La figure montre ensuite le défenseur saisissant l'attaquant (par le bras ou le col) et portant une frappe avec le tranchant de la main (shuto) vers le cou, ciblant spécifiquement la zone de la carotide ou du sinus carotidien.
Principe associé
Le principe énoncé dans le texte accompagnant le diagramme est : « Si vous voulez attaquer les côtés, vous devez d'abord attaquer le centre (les deux jambes) ». Cela souligne une tactique de diversion : en menaçant ou en attaquant le centre bas (les jambes ou la base de l'adversaire), on force une réaction qui ouvre les flancs pour une frappe décisive. Cependant, dans l'interprétation visuelle du diagramme #6, cela se traduit par une feinte ou un déplacement qui exploite la linéarité de l'attaque adverse, plutôt qu'une attaque littérale aux jambes. L'idée est que perturber l'équilibre central (physique ou positionnel) crée des ouvertures latérales, rendant l'adversaire vulnérable aux attaques obliques.
Application précise pour experts
Pour les pratiquants avancés, cette technique met l'accent sur l'intégration de principes biomécaniques, de timing et de ciblage kyusho (points vitaux), en alignant avec les fondements du karate okinawaïen pré-1900. Voici une décomposition étape par étape, en supposant une posture naturelle (shizentai) initiale et un adversaire droitier avançant avec un oi-zuki (coup de poing direct) ou une saisie :
Détection et anticipation : Observez l'intention de l'adversaire via ses épaules, hanches et regard. Dès le lancement de l'attaque linéaire, préparez un ma-ai (distance) optimal – ni trop loin pour perdre le contact, ni trop près pour être submergé. Utilisez une respiration abdominale (hara) pour maintenir la stabilité interne.
Déplacement évasif : Effectuez un tai-sabaki latéral (déplacement du corps) vers l'extérieur de la ligne d'attaque, typiquement à 45 degrés, en pivotant sur la balle du pied avant tout en reculant légèrement la jambe arrière. Cela évite l'impact direct tout en conservant l'équilibre (fudo-dachi mental). Simultanément, levez les deux bras en garde haute croisée : la main avant (généralement la gauche si en hidari gamae) protège la tête, tandis que la main arrière renforce la structure, formant un "X" ou un bloc augmentée. Ce mouvement absorbe ou dévie l'énergie de l'attaque sans opposition frontale, suivant le principe du ju (souplesse) plutôt que du go (dureté).
Perturbation du centre : Bien que le diagramme ne montre pas explicitement une attaque aux jambes, intégrez le principe en feintant ou en balayant légèrement la jambe avant de l'adversaire avec votre propre jambe (ashi-barai subtil) lors du side-step. Cela déstabilise son kamae (posture), forçant un recul ou un ajustement qui expose ses flancs. Si l'adversaire est ancré, utilisez plutôt la pression du corps pour "attaquer" son centre de gravité, en poussant subtilement vers ses hanches via un contact corporel.
Saisie et transition : Une fois évité, saisissez le bras attaquant ou le revers du gi/col avec la main arrière, en appliquant une torsion (kote-gaeshi-like) pour contrôler le momentum. Cela immobilise partiellement l'adversaire tout en le tirant vers vous, amplifiant sa perte d'équilibre. Maintenez une posture basse pour maximiser la leverage, en alignant vos hanches pour une projection potentielle si nécessaire.
Contre-attaque décisive : Portez une frappe shuto-uchi (tranchant de main extérieur) avec la main avant vers le cou, visant précisément le sinus carotidien (point vital GV-14 ou similaire dans les théories kyusho du Bubishi). La frappe doit être explosive, générée par une rotation des hanches (koshi-mawari) et une extension du ki (énergie interne), plutôt qu'une force brute. Suivez d'un kime (concentration) pour maximiser l'impact neurologique, potentiellement causant une vasodilatation ou une perte de conscience temporaire. Si la saisie est maintenue, enchaînez avec un balayage complet ou une projection (nage-waza) pour neutraliser.
Finitions et variations : Après la frappe, reculez immédiatement pour éviter une riposte, ou poursuivez avec un piétinement (fumi-komi) si l'adversaire tombe. Pour des experts, adaptez selon le contexte : contre une saisie aux cheveux, utilisez la garde haute pour briser la prise ; contre un coup bas, intégrez un gedan-barai intégré au side-step. Entraînez-vous avec un partenaire pour tester les angles (45-60 degrés optimaux) et les timings (0.5-1 seconde pour l'évasion), en intégrant des drills de sensitivity (kakie ou pushing hands) pour affiner la perception tactile.
Cette technique incarne l'essence du Bubishi : efficacité minimaliste, exploitation des faiblesses anatomiques et fluidité entre défense et offense, sans gaspillage d'énergie. Les pratiquants experts noteront ses liens avec d'autres sections du texte, comme les points vitaux (kyusho) et les principes de saisie (qin na), pour une application holistique en combat réel.

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