le Bubishi, les origines chinoises du karaté, et la légende de Bodhidharma (達摩 Dámó).
Je te fais une explication claire, à la fois historique et symbolique :
Le Bubishi (武備志), littéralement « Traité sur la préparation martiale », est un manuel chinois de boxe et de stratégie transmis à Okinawa probablement au XVIIIᵉ siècle.
Il provient des écoles du Fujian (福建) dans le sud de la Chine, notamment du White Crane Boxing (白鶴拳 Baihequan, « Poing de la Grue Blanche »), une tradition de kung-fu féminin, fluide et défensive.
Le texte contient :
des techniques de combat (grappling, frappes, vital points) ;
des dessins d’anatomie et points vitaux (inspirés de la médecine chinoise) ;
des maximes philosophiques ;
des principes de respiration et de conduite morale.
Il fut copié à la main par les maîtres d’Okinawa, notamment Higashionna Kanryō, Mabuni Kenwa et Funakoshi Gichin, qui le considéraient comme un document fondateur du karaté.
Avant de devenir « karaté » (空手 — la main vide), l’art d’Okinawa s’appelait Tōde 唐手, « la main de Chine ».
C’était une synthèse entre :
les arts martiaux indigènes d’Okinawa (Tegumi, Ti) ;
et les boxes du sud de la Chine, notamment celles de Fuzhou (福州), où de nombreux maîtres okinawaiens étudièrent.
Le Bubishi était donc le pont entre la Chine et Okinawa.
Il symbolise la transmission de la pensée taoïste et bouddhiste dans le karaté : équilibre du yin et du yang, non-violence, usage de la respiration interne, importance du qi (氣).
Bodhidharma (達摩 Dámó, japonais : 達磨 Daruma) est un moine indien, venu en Chine vers le Ve ou VIe siècle.
Il est considéré comme :
le fondateur du Chan (Zen) chinois,
et le père spirituel du monastère Shaolin.
Selon la légende :
il enseigna aux moines Shaolin des exercices de respiration et de renforcement interne (les Yi Jin Jing 易筋經, « classique de la transformation des muscles »),
pour les aider à supporter la méditation assise prolongée et se défendre.
Ces exercices auraient ensuite évolué vers les arts martiaux Shaolin.
Même si les historiens doutent de l’exactitude du lien direct, l’esprit de Bodhidharma — la discipline, la méditation, l’unité corps-esprit — a profondément marqué toute la culture martiale d’Asie.
Le Bubishi ne parle pas directement de Bodhidharma, mais il porte sa trace philosophique :
Le contrôle de soi avant la victoire sur l’adversaire,
La voie de la transformation intérieure par la pratique,
La fusion du corps, de l’énergie (qi) et de l’esprit (xin),
Et le principe que le vrai combat est contre l’ignorance.
Autrement dit, le Bubishi est au karaté ce que le Yi Jin Jing est au Shaolin :
un manuel de transformation interne, camouflé sous des techniques de combat.

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