La logique sexagésimale sumérienne (60), la symbolique du 12, et le corpus connu du Bubishi (points vitaux, listes de techniques), pour proposer une reconstitution plausible : 48 techniques visibles (4 × 12) + 12 techniques « cachées » = 60.
Je précise d’emblée : certaines affirmations (notamment les « 12 secrètes ») sont conjectures créatives, basées sur la symbolique numérique et sur les éléments documentés du Bubishi (points / listes), pas sur un manuscrit historique prouvant une table en 60. Mais c’est un cadre très puissant pour penser un système martial complet.
Sources utiles (pour le contexte historique / numérique que j’ai utilisé) : l’origine sumérienne du système base-60 (sexagésimal), la place du 12 dans les cosmologies anciennes, et les études modernes sur le Bubishi (notamment les références aux 36 points / listes de techniques).
1) Pourquoi 60 ? le sens symbolique
Les Sumériens ont inventé le système sexagésimal (base 60), qui a survécu dans la mesure du temps et des angles. 60 est un nombre « très divisible » (1,2,3,4,5,6,10,12,15,20,30) — pratique pour organiser un corpus en sous-ensembles. Dans notre hypothèse, 60 devient la structure cosmique : 48 techniques « exposées » (4 groupes de 12) plus 12 techniques occultes, inaccessibles au non-initié.
Le nombre 12, très présent dans mythes et calendriers, est ici pris comme unité de cohérence (12 = cycle, complément d’unité).
2) Pourquoi 48 + 12 ?
48 = 4 × 12 : quatre directions / quatre qualités (par ex. frapper, parer, projeter, contrôler).
12 « visibles » par direction = une table maniable pour l’enseignement en dojo (12 par série).
12 « secrètes » = techniques internes, points vitaux, méthodes de respiration ou transitions qui n’apparaissent jamais dans les copies publiques du manuscrit (c’est l’idée que tu proposais).
Le Bubishi connu décrit listes de points vitaux (souvent 36) et catalogues de frappes et paralysies ; on s’appuie sur ces inventaires pour imaginer comment un maître aurait structuré le corpus pour en dissimuler la « clef » : 60 = arme pédagogique + guidage.
3) Proposition concrète — structure et titres (reconstruction)
Je propose quatre séries (A–D), chacune de 12 techniques numérotées 1→12 (donc 48 visibles). Chaque technique a un nom évocateur (chinois / japonais) + une courte description. Après la liste visible, je donne 12 techniques « secrètes » — brèves, mystérieuses.
Note : noms en sino-japonais pour rester dans la tradition (漢字 + lecture approximative). Ce sont reconstitutions stylistiques, pas attestations historiques.
Série A — « Frappes directes / linéaires » (1 → 12)
一撃直 (Ichi-geki choku / Yī Jí Zhí) — coup direct au menton, transmission de force linéaire.
掌突 (Shō-totsu / Zhǎng Tū) — paume ascensionnelle sur plexus.
角打 (Kaku-uchi / Jiǎo Dǎ) — frappe d’angle sur la mâchoire.
刃落 (Ha-raku / Rèn Luò) — tranche descendante sur clavicule.
竜突 (Ryū-totsu / Lóng Tū) — uppercut à rotation du koshi.
中腑打 (Chū-fu-da / Zhōng Fǔ Dǎ) — coup au ventre sous la cage.
連撃 (Rengeki / Lián Jī) — double-coup main ouverte + poing.
鷲掴 (Washizuka / Zhā Què) — saisie-frappe sur omoplate.
斜突 (Sha-totsu / Xié Tū) — croisé oblique sur tempes.
裏拳 (Uraken / Lǐ Quán) — revers de poing sur nez.
急突 (Kyū-totsu / Jí Tū) — coup d’arrêt au plexus en poussée.
終撃 (Shū-geki / Zhōng Jī) — coup de finition, dissipation du souffle.
Série B — « Parades / redirections / saisies » (13 → 24)
掬受 (Kukujū / Jǔ Shōu) — réception en cuiller, redirection d’énergie.
折釘 (Setsu-tei / Zhé Dīng) — verrou d’épaule et torsion.
引波 (Inpa / Yǐn Bō) — tir et déséquilibre en vague.
鎖手 (Sashite / Suǒ Shǒu) — enchaînement de clés du poignet.
逆手 (Gyaku-te / Nì Shǒu) — retournement de saisie et contre.
橋渡 (Hashi-watashi / Qiáo Dù) — pont de jambe et désengagement.
剥離 (Hakuri / Bō Lí) — décrochage pour exposer un flanc.
押返 (Oshi-kaeshi / Yāo Fǎn) — poussée-renverse contrôlée.
旋受 (Sen-ju / Xuán Shōu) — réception tournante et conduite.
絞抱 (Kō-hō / Jiǎo Bào) — étreinte-étranglement court.
崩壊 (Hōkai / Bēng Huài) — désassemblage de garde adverse.
隠手 (In-te / Yǐn Shǒu) — pêche de main cachée et transfert.
Série C — « Projections / balayages / jambes » (25 → 36)
前払 (Mae-barai / Qián Fú) — balayage avant du tibia.
蹴撥 (Keri-batsu / Tī Bá) — coup de pied latéral de dégagement.
返脚 (Gaeshi-ashi / Fǎn Jiǎo) — crochet arrière pour trancher l’appui.
虎踏 (Koda / Hǔ Tà) — fauchage rapide bas sur genou.
隔蹴 (Kaku-shū / Gé Tī) — coup d’arrêt sur jambe d’appui.
流転 (Ruten / Liú Zhuǎn) — projection en cercle pour le sol.
踏臑 (Tō-sha / Tà Nuò) — écrasement sur cuisse pour immobiliser.
回脚 (Kaikaku / Huí Jiǎo) — jambe tournante en pivot.
壊足 (Kaisoku / Huāi Zú) — frappe ciblée sur tendon d’Achille.
抱投 (Daki-nage / Bào Tóu) — projection serrée à la hanche.
滑行 (Kakko / Huá Xíng) — balayage glissant pour l’évasion.
最後蹴 (Saigo-keri / Zuì Hòu Tī) — coup final pour clore la jambe.
Série D — « Points / immobilisations / médecine appliquée » (37 → 48)
一指点 (Isshi-ten / Yī Zhǐ Diǎn) — point unique pressé pour stun.
二重抑 (Nijū-yoku / Èr Chóng Yì) — double verrou neurologique.
三経抑 (Sankei-yoku / Sān Jīng Yì) — influence sur trois méridiens.
四瘀 (Shi-o / Sì Yū) — manipulation pour provoquer congestion.
五穴 (Go-ketsu / Wǔ Xué) — combinaison de cinq points paralysants.
導気 (Dō-ki / Dǎo Qì) — canalisation du souffle pour neutraliser.
経絡急 (Keiraku-kyū / Jīng Luò Jí) — pression sur réseau antagoniste.
小毒 (Shō-doku / Xiǎo Dú) — point pour nausée / perte d’équilibre.
大穴 (Dai-ana / Dà Xué) — grande zone vitale permettant incapacitation.
回復法 (Kaifuku-hō / Huī Fù Fǎ) — méthode de resuscitation médicale.
止血手 (Shikketsu-shu / Zhǐ Xuè Shǒu) — technique de compression pour arrêt de saignement.
秘伝図 (Hiden-zu / Mì Chuán Tú) — schéma condensé (mémoire mnémotechnique).
Ces 48 composent une « bibliothèque pratique » : frappes, parades, projections, points et premiers secours. Elles représentent l’enseignement public — ou interne mais transmis — que l’on pouvait apprendre et illustrer dans un manuscrit.
4) Les 12 techniques secrètes (49 → 60)
Ces douze sont jamais écrites ni dessinées : elles sont transmises oralement ou par démonstration, réservées aux initiés. Je les donne ici en mode reconstruction symbolique — courtes, contemplatives, puissantes.
風門返 (Fūmon-kaeshi / Fēng Mén Fǎn) — inversion du flux respiratoire : renverse l’intention adversaire.
臓律 (Zō-ritsu / Zàng Lǜ) — synchronisation des frappes sur rythme organique interne.
閉眼手 (Heigan-shu / Bì Yǎn Shǒu) — technique tactile seule (combat sans voir).
返魂刺 (Hengan-shi / Fǎn Hún Cì) — pic d’un point vital qui provoque syncope non létale.
小周天 (Shō-shūten / Xiǎo Zhōu Tiān) — circulation microcosmique en combat, annule la douleur.
空拳 (Kū-ken / Kōu Quán) — « poing vide » : feinte d’espace qui crée ouverture réelle.
無我縛 (Muga-baku / Wú Wǒ Shù) — saisie spirituelle : immobilise la volonté du partenaire.
臨終抱 (Rinjū-daku / Lín Zhōng Bào) — prise d’apaisement pour neutraliser sans blesser.
時合 (Ji-ai / Shí Hé) — frappe temporelle : frapper exactement sur respiration/rythme.
六十環 (Rokujū-kan / Liù Shí Huán) — enchaînement circulaire de 60 respirations.
破邪刀 (Hajya-tō / Pò Xié Dāo) — geste « d’épée imaginaire » qui coupe le déséquilibre.
無迹 (Mujaku / Wú Jì) — la technique de disparition : sortir sans trace (départ stratégique).
Ces douze réunissent neijia (interne), connaissance des méridiens, timing respiratoire et éthique : elles sont destinées à la maîtrise, pas à l’ostentation.
5) Comment relier tout cela à la base-60 sumérienne ?
Structurer l’école en 60 « unités » donne un système complet (enseignement, gradation, cryptage).
Les quatre séries de 12 sont pédagogiques (apprendre le cercle par douzaines).
Les 12 secrètes ferment le cycle : elles correspondent à l’« oracle » ou à la clé de lecture (comme 12 signes dans un zodiaque) — et en combinant 48 visibles + 12 cachées on retombe sur la totalité 60, utile pour coder programmes, kata et rituels. les anciens utilisaient des chiffres sacrés pour ordonner savoirs techniques et ésotériques. Les sources sur le sexagésimal et le rôle du 12 nous soutiennent dans cette lecture symbolique.

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