la technique 15 du Bubishi

 

Voici la description ultra-précise de la technique 15 du Bubishi, telle qu’elle est comprise et enseignée dans les lignées traditionnelles sérieuses (Goju-ryū ancien, Uechi-ryū, Ryuei-ryū, Tou’on-ryū), pour quelqu’un qui connaît déjà bien le karate ou le qinna.

Nom exact : 白猿扣鎖 (Baiyuan kousuo) – « Le singe blanc verrouille et boucle »

Situation de départ

L’adversaire vous saisit les deux poignets de face (saisie parallèle classique : sa main droite prend votre poignet droit, sa main gauche prend votre poignet gauche). Il est légèrement plus grand ou tire vers lui.

Exécution pas à pas (version la plus répandue et la plus efficace)

1. Au moment exact où il serre les poignets, vous fléchissez très fort les genoux et baissez votre centre de gravité de 15–20 cm (position très basse, presque sanchin-dachi large).
2. Simultanément, vous tournez les deux paumes vers le haut (supination brutale des avant-bras) pour créer une tension immédiate dans ses poignets.
3. Vous avancez le pied droit très près de son pied droit (ou légèrement en croisant derrière son pied droit) → votre genou droit vient presque toucher l’intérieur de son genou droit. Votre poids est à 90 % sur la jambe droite.
4. Votre bras droit fait un grand cercle descendant vers l’extérieur puis remonte en crochet sous son aisselle droite (votre coude droit passe sous son aisselle droite et votre avant-bras vient se coller contre sa poitrine).
5. En même temps, votre main gauche (qui était saisie) se libère par le mouvement circulaire et vient immédiatement saisir son coude droit par l’extérieur ou passe derrière sa nuque (deux variantes possibles).
6. Votre buste pivote violemment vers la gauche (rotation de hanche à 90° ou plus) tout en gardant les genoux très fléchis).
7. Au moment du pivot, votre jambe droite effectue un balayage arrière (ko-uchi-gari ou o-uchi-gari inversé) : le creux de votre genou droit ou votre mollet vient frapper l’arrière de son genou droit ou sa cheville.
8. Le mouvement combiné (torsion du buste + montée du coude droit + balayage) soulève l’adversaire sur votre hanche droite et le projette violemment en arrière-diagonale. Il tombe sur le dos ou la tête.

**Points clés que les experts insistent toujours :

• Le coude droit doit être collé au corps et très haut (presque au niveau de votre épaule) pour créer le levier maximum.
• La rotation des hanches est plus importante que la force des bras.
• Le balayage et la torsion se font exactement au même moment (pas l’un après l’autre).
• La tête reste droite, le regard fixé sur l’adversaire jusqu’au dernier moment, puis suit la projection.
• Toute la puissance vient de la descente initiale + rotation des hanches, pas des bras.

Effet sur l’adversaire

S’il est plus lourd, il est quand même projeté car son centre de gravité est déjà déséquilibré vers l’arrière dès l’étape 2. L’épaule et le coude droits sont en hyperextension immédiate ; s’il résiste, l’articulation du coude ou de l’épaule lâche avant la chute.

C’est l’une des techniques les plus utilisées en bunkai avancé de Heian/Pinan Godan (le mouvement où l’on croise les bras, descend bas et tourne), de Seisan, et de Suparinpei.

Si tu veux, quand tu l’essaies lentement, tu dois sentir que tu pourrais projeter quelqu’un de 30 kg de plus sans effort dès que le timing est bon.